Le bruit en copropriété.

Le confort acoustique ou en d’autres termes le calme et le silence dans un appartement, est-ce réservée à une élite fortunée dans des appartements de luxe ? Non, car ni le standing d’un logement ni son prix ne garantissent une bonne insonorisation et un voisinage respectueux de l’entourage.

A moins d’avoir déjà été confronté à ce type de nuisance lors d’une précédente acquisition, le bruit en appartement est un critère de choix dans l’achat d’un logement que l’on a du mal à appréhender. Lors des visites, on tend à se focaliser sur les bruits les plus significatifs venant de l’extérieur de l’immeuble comme la circulation automobile, la fréquentation ou l’animation du quartier. Ce type de bruits masque la réalité qui peut être déconcertante au point d’en regretter son opération d’achat. Devoir déménager parce qu’on ne supporte plus le bruit dans le logement que l’on vient d’acquérir, c’est une mésaventure qui n’arrive pas qu’aux autres.

Quels sont les bruits auxquels les résidents peuvent être confrontés en appartement ?

Le bruit est une émission de vibrations sonores audibles par l’homme. Ces vibrations correspondent à des variations de la pression de l’air (pressions, dépressions). Plus la variation de la pression de l’air sera importante et plus le niveau de bruit perçu par l’oreille sera important. La puissance sonore du bruit est exprimé en décibels (dB) qui est l’unité de mesure de la pression acoustique d’un bruit ou d’un son.

Le niveau de bruit va de 10 dB qui correspond au calme absolu et monte jusqu’à 130 dB au seuil de la douleur. Ce niveau peut engendrer des traumatismes ou lésions irréversibles de l’oreille interne selon la fréquence et la durée d’exposition.

Au delà de la puissance, le bruit peut avoir des conséquences psychologique et physiologique sur l’individu. La fréquence ainsi que la répétition du bruit dans le temps sont un motif d’aggravation de la gêne ressentie. Le cri strident d’un enfant qui joue, parce que son cri est isolé et limité dans le temps peut être mieux toléré que le bruit permanent, même léger, de la goutte d’eau qui goutte dans l’évier.

Bruits solidiens.

Les bruits solidiens sont générés par des sources liées à la structure du bâtiment et sont transmis par la mise en vibration des parois murs, planchers et plafonds de cette structure. On distingue deux types de bruits solidiens :

les bruits de choc (ou bruits d’impact) : les vibrations prennent naissance à l’intérieur d’une matière solide, murs ou sols, lors d’un choc (bruits de pas lors de la marche pieds nus ou des talons de chaussures, chutes d’objets, coups de marteau, utilisation de perceuse percussion, chute d’eau dans une douche, une baignoire ou une canalisation, claquements de portes, etc..) ;

les vibrations : la mise en vibration de la matière solide est provoquée et entretenue par une source électrique, mécanique ou hydraulique. C’est le cas des bruits d’équipements sanitaires, de chauffage, de ventilation, de climatisation, etc…

Bruits aériens.

Les bruits aériens sont des bruits qui sont générés par des sources qui n’ont aucun contact avec le structure du bâtiment. Les vibrations sonores naissent dans l’air et se propagent par voie aérienne (en utilisant l’air comme support). Ces bruits aériens peuvent trouver leurs origines à l’intérieur de l’immeuble, ce sont les bruits de voix, télévision, téléphone, ou à l’extérieur du bâtiment avec les bruits de trafic routier, aérien, ou ferroviaire etc. De l’extérieur vers l’intérieur, les bruits aériens sont transmis dans l’air et au travers des murs, façades, fenêtres, toitures et à l’intérieur des immeubles entre les appartements par les cloisons, planchers et plafonds.

Nota : Les bruits d’équipements sont une combinaison de bruits aériens et solidiens : certaines vibrations sont transmises par la structure (murs, plafonds et sols) et d’autres par voie aérienne.

Le confort acoustique.

Le confort acoustique d’un immeuble fait référence à la réglementation de la construction et l’année de mise en œuvre. Les premières normes acoustiques de construction datent de 1957 et se sont renforcées dans le cadre d’un concept plus global concernant les immeubles collectifs. L’arrêté du 28 octobre 1994, relatif aux caractéristiques acoustiques des bâtiments d’habitation, est le point de départ de la réglementation actuelle. Les dispositions de cet arrêté qui s’adresse aux maîtres d’ouvrage des immeubles et des infrastructures à été modifié en 1999, pour la mise en conformité avec les normes européennes. Il précise les niveaux d’isolement acoustique permettant de définir les caractéristiques de construction des structures des bâtiments, dans le but de limiter la perception des bruits aériens de l’extérieur vers l’intérieur, ainsi que la circulation de ceux-ci entre les logements d’un même immeuble, mais également en provenance des locaux annexes comme les garages ou locaux commerciaux de rez de chaussée. Cet arrêté énumère aussi les niveaux maximum autorisés de pression acoustique engendrés par les installations individuelles (chauffage) ou encore collectives (ventilation, ascenseurs, etc..) à l’intérieur même des immeubles.

Pour les bâtiments d’habitation dont le permis de construire est déposé depuis le 1er janvier 2013, les maîtres d’ouvrage ont l’obligation de fournir, à l’achèvement des travaux, à l’autorité ayant délivré l’autorisation de construire, une attestation de prise en compte de la réglementation acoustique.

Toutefois, la réglementation française est moins contraignante que nos voisins européens tels que l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Autriche ou encore les pays nordiques qui ont tous des réglementations acoustiques bien plus contraignantes que la nôtre, en particulier concernant les bruits de chocs. Si elle englobe aujourd’hui la plupart des bruits de la vie quotidienne dans un logement, la réglementation française ne tient pas encore compte des «  basses fréquences  » (enfants qui courent ou sautent, marchent pieds nus, systèmes hi-fi..), qui peuvent pourtant être à l’origine de nuisances réelles.

La norme existante peut être renforcée par un label QUALITEL « Confort acoustique » qui est un gage confort acoustique correspondant au référentiel NF Habitat – NF Habitat HQE et qui assure d’un contrôle acoustique effectué à la conception par le choix des matériaux à différentes phases de la construction

Avant d’acheter.

Au delà des bruits de l’environnement liés à la situation de l’immeuble, son quartier d’implantation, la présence de voies de communication urbaine, proximité d’aéroport ou de voies ferrées, il faudra également s’intéresser à l’immeuble et au voisinage immédiat. Il est bon de s’assurer de l’année de construction de l’immeuble pour savoir à quelle réglementation l’isolation acoustique fait référence. Un immeuble récent peut avoir son isolation acoustique dégradée par la pose d’un carrelage contrairement à un appartement dans l’ancien ayant fait l’objet d’une rénovation acoustique certifiée par des professionnels dans le domaine.

Plusieurs visites à différentes heures de la journée peuvent s’avérer nécessaires pour repérer les points faibles du logement et de son environnement immédiat. Le niveau des vibrations de la machinerie d’ascenseurs et l’aspiration de la VMC, les bruits de véhicules dans le parking en sous-sol s’apprécient dans le calme à certaines heures de la journée.

Il faudra apprécier la situation de l’appartement dans l’immeuble en rez-de-chaussée, au dernier étage en pignon ou contre une séparation de tranche de construction. N’hésitez pas à questionner l’agent immobilier ou le propriétaire sur le domaine de l’isolation en vous faisant préciser les matériaux utilisés pour la construction des cloisons séparatives, la qualité des portes palières, le niveau d’isolation acoustique des fenêtres et baies ouvrants sur l’extérieur, le type de sol (carrelage, parquet, linoleum, moquette) en sachant qu’une modification non maîtrisée dans ce domaine entraîne irrémédiablement une modification de l’isolation acoustique initiale.

De même les bruits de comportement ou bruits domestiques qui correspondent principalement aux bruits de la vie quotidienne, liés au voisinage, diffèrent selon la physionomie de la population résidente.

  • Les bruits de la personne, les conversations à voix haute, disputes, chant, cris d’enfants, réunions festives, les gens qui marchent en tapant des talons, les plus jeunes qui courent ou chahutent, sont des bruits constatés en fin d’après d’après midi, en soirée, pendant le week-end ou lors des congés et généralement en dehors des heures prévues pour la visite d’un appartement.
  • Le bruit des choses dont la personne à la garde, les appareils de sonorisation, téléviseur, radiodiffusion, les instruments de musique, le radio réveil trop fort, le lave-linge, mal isolé du sol, les appareils de bricolages sont à l’origine des bruits insupportables passés une certaine heure.
  • Les bruits d’animaux, principalement l’aboiement des chiens laissés seuls en l’absence des maîtres deviennent rapidement un trouble anormal du voisinage fréquemment sanctionné par la loi.

Il faut donc chercher l’information sur place en questionnant le conseil syndical qui selon sa connaissance de la copropriété devrait pouvoir vous informer sur la physionomie de celle-ci, le type de résidents, copropriétaires, locataires, familles, présence d’enfants, adolescents, jeunes adultes, actifs, retraités, etc.. Ces informations devraient vous orienter sur le type de bruits auxquels vous serez confrontés en conservant en mémoire le principe qui dit que : pour ne pas entendre son voisin, il faut bien s’entendre avec son voisin !

Comment lutter contre le bruit.

Partant du principe qu’il est plus facile d’empêcher un bruit de sortir qu’un bruit de rentrer, on peut faire taire certains bruits à moindre frais en isolant les locaux ou en les corrigeant.

l’isolation représente les mesures qui permettent de limiter la transmission d’un bruit entre la source et le local à protéger. L’isolation permet d’affaiblir le bruit dans sa transmission. L’affaiblissement obtenu s’exprime par un indice (Rw) en dB. On retrouve cet indice sur les matériaux d’isolation comme la laine de verre, les panneaux d’isolation en polystyrène extrudé, les fenêtres double ou triple vitrage, etc.. D’autre part pour concilier sécurité et isolation phonique d’un appartement, il existe des blocs-portes (ensemble porte-chambranle) dont les performances sont certifiées par la norme NF-FASTE (Feu, Acoustique, Stabilité, Thermique, Effraction) sur plusieurs critères, parmi lesquels la résistance à l’effraction mais aussi l’isolation phonique. Pour les fenêtres et baies vitrées, les modèles NF Acotherm (acoustique, thermique) garantissent à la fois une isolation thermique renforcée et l’assurance d’une bonne isolation acoustique contre les bruits aériens venant de l’extérieur. Il faut s’assurer si vous changez celles-ci que la circulation de l’air est préservée pour garantir le fonctionnement des VMC et éviter les problèmes d’humidité et moisissures. Lors des travaux dans votre logement, assurez vous de ne pas modifier les qualités acoustiques initiales. Le changement d’une moquette par un carrelage va se répercuter sur vos voisins qui peuvent exiger des aménagements pour revenir sur la qualité acoustique initiale. La modification d’une cloison, l’ouverture de la cuisine sur le séjour permettent d’agrandir et moderniser les espaces de vie, cependant si la transmission des bruits se trouve modifiée et il ne faudra pas vous étonner ensuite de percevoir la ventilation de la VMC de la cuisine en regardant votre film préféré. Le changement de la distribution des pièces dans un appartement peut être une source de discorde si vous changez l’emplacement d’une cuisine pour la positionner au dessus de la chambre de votre voisin.

Pour finir il peut être envisagé des améliorations sur l’isolation dans les équipements collectifs avec l’installation de revêtements isolants dans les espaces de circulation communs, l’isolation des gaines de circulation de l’air, l’isolation des caissons de moteur de VMC, l’isolation des machineries d’ascenseur. Ces travaux doivent être votés en assemblée générale par le syndicat des copropriétaires.

la correction est l’action qui permet de corriger la propagation du son à l’intérieur du local en réduisant l’effet de réverbération sur les parois et en favorisant l’absorption des vibrations. On constate facilement cette correction entre le rendu sonore d’une pièce vide de mobilier et cette même pièce meublée. La correction est exprimée par un indice d’absorption acoustique α w. Les matériaux tissus, mousses sous forme de rideaux, caissons, dalles de plafond permettent cette correction acoustique et améliorent le rendu sonore d’une pièce. Poser ce type de revêtement absorbant aux murs ou sur les plafonds ne réduit pas la pénétration des bruits de l’extérieur mais améliore le rendu sonore à l’intérieur de la pièce.

le comportement de chacun est certainement la façon la plus efficace de limiter la nuisance sonore. Pour cela il est bon de faire le point des sources de bruits origine dans l’appartement et à l’extérieur.

  • La plomberie et la circulation de l’eau dans les tuyaux peut générer des vibrations retransmises dans tout le réseau de l’immeuble. Les coups de béliers lors de l’ouverture et fermeture des robinets, engendre des bruits, mais les vibrations consécutives à ces vibrations peuvent aussi endommager l’installation sanitaire. Pour pallier à ces inconvénients, la robinetterie à la norme NF intègre des qualités acoustiques. Assurez vous également d’avoir des colliers de fixation de la tuyauterie équipés de manchons de caoutchouc antivibratile et que l’ensemble des installations soient correctement fixées aux murs. Enfin un réducteur de pression, ainsi qu’un dispositif anti coup de bélier peuvent être installés pour diminuer ces bruits et faire diminuer en même temps votre facture d’eau. L’évacuation des eaux usées est aussi une source de bruit non négligeable entraînant des nuisances insupportables. Les modifications non maîtrisées sur ce réseau peuvent donner naissance à une combinaison de bruits solidiens et aériens.
Réseau d’évacuation d’eaux usées à l’origine de bruits solidien et aériens. (source NICOLL)
  • Vos appareils ménagers doivent être posés sur des patins ou des tapis anti vibratiles pour éviter de transmettre ces bruits à tout votre environnement. Il faut s’assurer que ces appareils soient installés de niveau et d’autre part il faut rester attentif aux signes d’usure des amortisseurs et des roulements du tambour sur les machines à laver le linge. Ces pièces défectueuses entraînent des mouvements très bruyant lors des essorages avec parfois le déplacement de la machine.
  • Les appareils de sonorisation et téléviseur, radio, chaîne hi-fi doivent être isolés des murs et les enceintes doivent être posées sur des tapis absorbant les vibrations. Le volume d’écoute de ces appareils doit être adapté à la pièce et raisonnable en tenant compte des fréquences basses quand ces installations sont équipées de dispositif de type surround 51 (5 enceintes plus caisson basses). Ces systèmes de home vidéo permettent de se plonger au cœur de l’action dans un film et parfois d’y associer sans le vouloir tout votre entourage.
  • Enfin les bruits provoqués par notre propre activité sont à la fois les plus gênants et les plus faciles à maîtriser et à réduire. Les éclats de voix doivent être maîtrisés, ainsi que le volume sonore des appareils radio. Le port des talons doit être proscrit à la maison et même la marche à pieds nus, vantée par les kinésithérapeutes, ne prouvent son efficacité uniquement dans la nature, sur l’herbe ou sur le sable pour favoriser le massage de la voûte plantaire ou les échanges énergétiques entre le corps et la terre. Dans un immeuble, la marche pieds nus, souvent appuyée sur le talon, fait raisonner votre plancher et par la même le plafond de l’appartement au dessous. Le port des chaussons avec des semelles en mousse ou en feutre sont un gage de confort pour vous et de tranquillité pour vos voisins.

Le respect du règlement de copropriété répond la plupart du temps aux écarts de comportement à l’origine de ces nuisances sonores liées à l’activité humaine.

En conclusion.

Parmi les différentes nuisances, le bruit, les odeurs, la vue auxquelles les résidents sont confrontés en copropriété, le bruit et le trouble qui revient le plus souvent dans les litiges de voisinage. Si il est nécessaire de s’assurer du confort acoustique dans le projet d’acquisition, il est tout aussi important de conserver la qualité et les performances du logement et des installations lors des travaux d’amélioration. Le plus important étant de respecter son voisinage en appliquant les consignes diffusées dans le règlement de copropriété.

Une dernière solution, offrez des pantoufles et de la moquette à votre voisin.

P.A

2 réflexions sur « Le bruit en copropriété. »

  1. Comment lutter contre le bruit ?

    En réparant les ascenseurs, bruit insupportable de jour comme de nuit…
    S’il est trop compliqué de les réparer, autant les condamnés…
    Vu le bruit, il me semble même dangereux de les utiliser.
    Il est grand temps de prendre les mesures qui s’imposent.

    1. Bonjour, tous les cinq ans, les ascenseurs font l’objet d’un contrôle quinquennal qui vous indiquera les travaux de remise en état. Si l’ensemble des copropriétaires reconnaissent ces mêmes désagréments il faut envisager ensemble une modernisation de motorisation, de circuit de commande, voir de cabine et portes palières. Ces travaux peuvent se chiffrer à plusieurs dizaine de milliers d’euros. Ce type de travaux est à décider en assemblée générale.

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